Déclaration du Parena sur la situation à Gao

La découverte, le 25 février, du corps de l’un des deux jeunes arabes enlevés à Taboye (Bourem), quelques jours plus tôt et l’assassinat de l’Adjudant-Chef Abdou Katia Touré dans la nuit du 28 février à Gao ont été les déclencheurs immédiats de la vive tension inter-communautaire qui fait craindre le pire dans la région de Gao et dans tout le Nord.

 
Les manifestations violentes de jeunes excédés par l’insécurité ont inquiété la communauté arabe. Des commerces ont été fermés. Craignant pour leur sécurité, des commerçants et transporteurs arabes ont quitté la ville portant la tension à son paroxysme.
Réagissant à cette situation, des groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, notamment ceux de la Plateforme et de l’Entente ont annoncé le déploiement d’ unités combattantes autour de Gao pour parer à toute éventualité.
En violation des arrangements sécuritaires prévus par l’Accord d’Alger.
Les retards accusés dans le processus de désarmement font de Gao une ville où circulent beaucoup trop d’armes.
Devant ce contexte grave et explosif, que font le président de la République et le Gouvernement?
Ils se murent depuis près deux semaines dans un silence assourdissant. Pire, ils ne font rien. Ils sont dans l’immobilisme. Ils laissent le Gouverneur et les forces vives de Gao se « débrouiller ».
L’annonce de l’ouverture d’une enquête sur les événements en cours laisse sceptique plus d’un. Car les enquêtes précédentes n’ont pas donné de résultats (l’ enquête sur la mort de trois jeunes, le 12 juillet 2016, lors d’une manifestation contre les autorités intérimaires, n’a pas encore abouti malgré les engagements pris par une forte délégation de quatre ministres et six députés.
Celle sur la mort des deux jeunes arabes brûlés vifs, en mars 2015, est restée sans suite).
Le président et ses gouvernements ne gèrent pas les problèmes. Ils les laissent pourrir.
Les difficultés de cohabitation intercommunautaire dans les régions du Nord auraient dû être traitées de façon plus responsable au lendemain de l’occupation djihadiste. La région et le pays paient les conséquences de la politique de l’autruche et l’inaction qui caractérisent la gouvernance du président.
Les recommandations du PARENA : 
Face à une situation aussi grave de conséquences pour la cohésion nationale et la paix, le Gouvernement doit sortir de l’attentisme et de l’immobilisme et
  • mettre fin au cantonnement de fait des FAMAS: elles doivent être la locomotive dans la sécurisation de tout Gao sans distinction;
  • conformément à l’Accord d’Alger, suspendre tous les mouvements de troupes de la Plateforme et de l’Entente vers la ville de Gao ;
  • exiger leur retour aux positions d’avant le cessez-le-feu;
  • inviter tous les signataires de l’Accord d’Alger au strict respect des engagements pris;
  • le superviseur du cessez-le-feu, la MINUSMA, doit être ferme pour faire respecter les dispositions de l’Accord;
  • mettre fin à l’impunité;
  • enquêter sur la disparition, le 21 février à Taboye , des deux jeunes arabes pour retrouver les auteurs de l’enlèvement et le corps du 2è jeune;
  • faire toute la lumière sur l’assassinat de l’A/C Abdou Katia Touré;
  • organiser, sans délai, des concertations régionales au cours desquelles les communautés de la région de Gao débattront des conditions de leur cohabitation, de la paix et de la réconciliation.
Bamako, le 3 mars 2018.

 

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