Chronique du mardi : Kita, la Vierge Marie et le message du Christ pour vaincre le terrorisme

« Vous avez entendu ce qui a été dit : tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quel mérite en auriez-vous ? » Ces paroles du Christ en deux séquences dans le film La Passion du Christ de Mel Gibson sorti en 2004, bouleversent profondément notre perception de la crise malienne. Des paroles vieilles de plus de deux mille ans, mais qui demeurent d’une vérité éternelle. On ne vaincra pas le terrorisme sans l’amour, et non par la haine et la guerre seulement. A la solution militaire, il faudra associer la réconciliation des cœurs. Et de réconciliation et d’amour, il en a beaucoup été question à Kita lors du dernier pèlerinage de l’Eglise catholique. « Avec Marie pour un Mali nouveau », c’est inspiré par ce thème que des milliers de chrétiens maliens ont prié pour la paix, à Kita. Le 48e pèlerinage national catholique a connu la participation des plus hauts dignitaires de l’église du Mali.

 

A kita, on a prié pour la paix qui tarde à se matérialiser, malgré les bénédictions des hommes de Dieu. Pendant que les fidèles s’unissent dans la prière en implorant Maman Marie, les hommes du diable peaufinent des stratégies diaboliques pour mettre le pays à feu et à sang. Comment pourrions-nous vaincre réellement ces ennemis de la paix ? Comment mettre en pratique ces paroles du Christ, « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent », face à un ennemi impitoyable, qui tue, brule, viole et vole tout sur son passage ? Comment les Maliens pourraient-ils ne pas haïr ces terroristes enturbannés qui veulent détruire notre beau pays. Même les belles prières à Kita, au pied de la statue historique de Marie, « réalisée sur place avec la terre de chez nous, prise au marigot de Bangassi » ne suffiront pas à calmer les cœurs des familles endeuillées. Face à l’unique message de la mort des mercenaires du diable et ses lieutenants, le message d’amour, de paix et de tolérance prôné depuis la statue mariale suffira-t-il à apaiser les cœurs ? Un nouveau Mali est-il possible que par la prière de tous les fidèles du Mali ? Un nouveau Mali est-il possible si nous ne changeons pas de comportement ?

Les paroles du Christ, les chrétiens maliens aimeraient tellement les entendre dans ces moments de détresses, les rassurant en ces termes « Je suis là ». Je connais vos peines, je vais les soulager. Mais la volonté de l’église épiscopale du Mali suffira-t-elle à rendre toute chose nouvelle par la simple foi ? Nous sommes embarqués dans un système complexe où les repères, mêmes divins, ne parviennent pas à nous apporter une lueur d’espoir concrète. Même la foi a besoin d’action, sinon elle se meurt, lentement et sûrement. L’Eglise catholique doit abandonner ses vieilles méthodes improductives, pour proposer des solutions offensives à ses fidèles, les organiser pour aider à vaincre le terrorisme. Car les victimes du terrorisme n’ont pas de couleur religieuse, nous sommes tous potentiellement des victimes en sursis, pour peu que nous soyions au mauvais endroit, au mauvais moment. En s’unissant dans la prière, les fidèles ont prouvé que toute action est possible dans l’union des esprits et des cœurs. Mais les prières seules ne vont pas ramener la paix ou attendrir le cœur endurci du méchant. Nos hommes de Dieu en sont bien conscients dans leurs blouses blanches. Mais ils refusent des propositions radicales de sortie de crise, parce qu’ils ont peur. Face à une communication au djihad, l’Eglise catholique doit développer une communication anti djihad. On ne peut pas laisser le monopole de la communication à ces groupes terroristes qui recrutent nos propres enfants, pendant que nous prions, pour poser des bombes ou tirer sur leurs propres frères. Le laxisme des hommes de Dieu doit prendre fin. Il faut une contre-offensive du bien contre le mal, donc des hommes de Dieu contre les fils du diable. Et ce n’est pas en se contentant d’organiser machinalement, chaque année, un pèlerinage national, au pied de Notre Dame du Mali à Kita, lieu où les premiers missionnaires ont semé la première graine de l’évangile dans notre pays, que nous allons vaincre le terrorisme.

Depuis 1963, les évêques du Mali ont institué un pèlerinage national marial à Kita, la plus ancienne des paroisses du Mali érigée en 1888. Malgré cette procession de foi annuelle, la paix tant souhaitée demeure, même en rêve, inaccessible depuis les collines de Kita.

Henri Levent

Source : LE PAYS

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