Issa Doumbia : dors en paix, cher compagnon

La presse malienne vient de perdre, en la personne d’Issa Doumbia, alias « Sacré », l’une de ses plus belles plumes.

La nouvelle est tombée, quelques heures seulement après l’annonce du décès de l’écrivain et homme politique malien, Seydou Badian Kouyaté. La mort de « Sacré », puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a ému plus d’un. Ceux qui ont travaillé avec lui, comme ceux qui ont entendu parler de ce journaliste émérite.


Contrairement à nombre de scribouillards, Issa Doumbia n’est pas venu à ce métier par hasard.
Orienté à l’ENA (Ecole Nationale d’Administration), il séchait les cours pour sillonner les rédactions des organes de presse de l’heure : le Scorpion, le Républicain, l’indépendant…
Il ne vivait que pour et par le journalisme. C’était sa vie. Son âme.
De retour de Ouagadougou où je venais de passer 7 ans, y compris pour ma formation, je le retrouve au journal l’Indépendant.  Avec un certain Chahana Takiou, Mamadou Lamine Doumbia décédé, Amadou Beydi Haïdara, rédacteur en chef et Yaya Sidibé. C’était en 1997.
A l’époque, l’indépendant était hebdomadaire. Et paraissait les jeudis.
Alors que nous animions la rédaction de l’Indépendant, sous la direction du « Big Boss », le doyen Saouti Haïdara, Issa Doubia réussit le concours d’entrée au CESTI de Dakar. C’était avec un certain Alassane Souleymane de l’ORTM.


De retour au Mali, nanti de son diplôme, il nous retrouve à l’indépendant où nous cheminions ensemble jusqu’à son recrutement au cabinet d’ATT à la Fondation pour l’Enfance. Puis, à la présidence de la République.
D’un commerce agréable, Issa Doumbia est un journaliste rigoureux. Très rigoureux. Il n’écrit jamais son article sans son fameux « plan ». Qui lui permet de maîtriser les contours de son article. Il restait au journal à des heures indues. Histoire de peaufiner ses articles, qu’il voulait « irréprochables ».
Il considérait chacun de ses articles comme le premier de sa carrière.
Quand il sentait l’atmosphère lourde, il trouvait toujours le moyen de nous arracher un sourire, avec ses blagues, dont lui seul a le secret. Ou ses anecdotes du CESTI de Dakar sur les « exercices de bruitage ».
A l’indépendant, il m’appelait le « Zongoïste ».
En effet, trois après mon retour au Mali, un jour Saouti Haïdara, notre directeur de publication m’annonçait, ému, l’assassinat, à Ouagadougou, de celui qui a guidé mes pas, quatre ans durant, dans ce métier : Norbert Zongo.
« Tu le connais bien. Alors fais-moi un article en béton armé sur lui et les raisons de son assassinat », me dit le Boss, d’un air déterminé. L’article a fait sensation.
Depuis, Issa Doumbia  m’appelle le « Zongoïste ».
Au quotidien national l’Essor où il était employé depuis 2014, Issa Doumbia tentait, tant bien que mal, de résister à la maladie. Qui le rongeait jusqu’à la date fatidique du 02 janvier 2019 où la mort a eu raison de lui.
Dors en paix, compagnon !

 

Oumar Babi

Source: Canard Déchaîné

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