RDCongo- Tshisekedi et Fayulu : le foudroyant succès des évangéliques Africains

Félix Tshisekedi, le nouveau président de la RDCongo (38.5 %), proclamé par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) doit une partie de sa fulgurante popularite aux évangéliques nationaux et d’autres pays Africains.

Déclaré vainqueur de la présidentielle Congolaise, Félix Antoine Tshisekedi se voit auréolé d’une fulgurante ascension, Dès l’annonce des résultats, certains de ses partisans dans les réseaux sociaux se sont explosés en publiant des récents messages prophétiques des pasteurs évangéliques Africains inspirés par Dieu, sur sa victoire au scrutin présidentiel en RDCongo.

Depuis qu’ils se sont engagés dans la bataille présidentielle, Félix Tshisekedi, leader de l’Udps (Union pour la démocratie et le progrès social) et de la plateforme politique Cap pour le Changement au Congo (Cach) et Martin Fayulu, de l’Engagement citoyen pour la démocratie (Ecide) aussi leader de Lamuka (Réveil ), ont tous deux exprimé leurs attachements aux idéaux Chrétiens. C’est Martin Fayulu, qui s’est montré plus enclin en associant sa carrière politique à sa foi chrétienne. “Je rends d’abord grâce à Dieu pour cette désignation…”, a t-il débuté son message le11 novembre dernier à Genève, lors d’un accord lui désignant à la tète d’une candidature commune de l’opposition au scrutin présidentiel. Coup de surprise, au lendemain de cet accord, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe se retirent de ce consensus, conclu avec les cinq autres leaders de l’opposition. « Je retire ma signature…Je ne peux aller à l’encontre de la base, ce serait signer la mort de ma carrière politique », a ajouté Félix Tshisekedi.

A Kinshasa, ville de plus de 10 millions d’habitants, à majorité chrétiens, ce revirement de Felix Tshisekedi et Vital Kamherede a été mal aperçu auprès des Chrétiens. “Que ces deux frères” membres de la célèbre Eglise Philadelphie se disent « la vérité à l’opinion » sur ce qui s’était dit entre-eux à Genève, se sont demandés certains de leurs partisans. Tshisekedi avait utilisé son Twitter pour répondre aux différentes rumeurs en rapport avec leur désaccord: “Cher frère Martin, au nom de Dieu que nous prions toi et moi au Centre Missionnaire Philadelphie, je te demande de dire la vérité à l’opinion sur les termes de notre accord… », a précisé Félix Tshisekedi. C’est un langage politiquement chrétien que Martin Fayulu avait utilisé pour tenter de répondre à “ses frères Tshisekedi et Kamhere afin qu’ils dépassent leurs considérations partisanes et privilégier l’ intérêt supérieur de la nation” .

 Pourquoi ce succès évangélique dans la vie politique ?

Depuis la période coloniale, l’église Catholique a joué un rôle de premier plan dans la formation de l’élite Congolaise . Elle créa en 1954 la première université au Congo, l’ Université de Lovanium. C’est grâce à elle, que les élites congolaises ont publié en 1955 le manifeste de la « Conscience africaine » réclamant l’indépendance du Congo. Ce qui n’était pas du goût de l’administration coloniale et de grandes sociétés coloniales. Après l’indépendance du Congo, le cardinal Joseph-Albert Malula a pris le relais des missionnaires blancs de l’Eglise catholique congolaise. Le cardinal s’opposa très vite au président Mobutu. En septembre 1971, le gouvernement ordonna la nationalisation de l’Université catholique Lovanium de Kinshasa ainsi que l’Université Libre du Congo, une université protestante à Kisangani. Mais, la jeunesse élite Congolaise, déjà en stage de maturité, ne pouvait reculer. Le train de la libre pensée était en marche pour le Congo. 58 ans après l’indépendance, l’unité du Congo souhaitée par Lumumba a survécu à différentes épisodes de sécession et guerres. Il représente, aujourd’hui, avec son immense territoire ( 2 million 345 mille km carré ) le premier pays Africain où l’on recense le plus grand nombre de catholiques. évangéliques et pentecôtistes. La question de la foi s’ invite régulièrement dans le débat politique congolais. Aujourd’hui’ l’ église catholique serait devenue la meilleure alliée de l’opposition politique en RDC,  Elle serait au centre de l’alternance du pouvoir au Congo. La très célèbre Commission épiscopale nationale Congolaise (Cenco) est active dans tous les rendez vous importants de la politique Congolaise. Ses évêques, ont, malgré des oppositions de certains dirigeants, droit aux chapitres, C’est le cas dans l’observation et a publication des élections actuelles.

Tshisekedi et Fayulu, sans foi sans pouvoir

Avant même de prendre la parole, Martin Fayulu insistait pour prier, dans certains de ses rencontres avec sa base politique, Il n’hésite pas d’évoquer la mémoire de Alain Moloto, chanteur du gospel Chrétien décédé en 2013. Pendant sa tournée du pays lors de la campagne électorale, Martin Fayulu, ne manquait pas d’exécuter son geste habituel, baiser le sol et demander grâce à Dieu. 

Felix et Martin allaient régulièrement au temple de Centre Missionnaire de Philadelphie à Kinshasa et faisaient des “actions de grâce“, actes volontaires destinés à recompresser Dieu pour sa bonté Éternelle.

Un mois avant le scrutin présidentiel, Felix Tshisekedi s’était séjourne au Ghana et pris part au service de Royal House Chapel International de l’apôtre Sam Korankye Ankrah. “Next year you will be DRCongo’s president” (L’annee prochaine vous seres le president de la RDCongo).

Plusieurs pasteurs des principales églises se sont servis de leurs apparitions chrétiennes pour appeler à voter pour des hommes intègres et remplis des valeurs aussi bien morales que chrétiennes.  C’est ce moment-là que Felix Tshisekedi a choisi pour multiplier ses expéditions chrétiennes Africaines, Cette année,  il a été accueilli en Afrique du Sud au ministère Alléluia du pasteur Alph Lukau pour demander la prière du peuple Sud Africain pour la stabilité du Congo.

Au Congo, les évangéliques ont construit un empire médiatique qu’ils ont mis au service de leurs fidèles , notamment les réseaux sociaux et les groupes WhatsApp qui ont joué un grand rôle dans la campagne. L’église catholique a formé plus de 40.000 observateurs des élections. Certains évangéliques ont prêté leur soutien au régime de Kabila, mais,la plupart ont sans cesse insisté sur le changement et l’alternance au pouvoir pointé comme le responsable de tous les maux de la société: crise économique et moeurs «déviantes».

 

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Source: mediapart

 

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