Droits de l’hommeA Genève, le ministre de la Justice de la République démocratique du Congo, Alexis Thambwe-Mwamba, s’oppose au projet de commission d’enquête indépendante.
Les troubles qui agitent le Grand Kasaï, une région située en plein cœur de la République (RDC), ont fait des centaines de victimes. Aujourd’hui, l’ONU et les défenseurs des droits de l’homme font état de la découverte de 42 charniers, d’exécutions sommaires, de viols… A nouveau sous le feu de la critique, le régime du président Joseph Kabila s’oppose plus que jamais à la venue d’une commission d’enquête indépendante. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU va être appelé à prendre une décision cette semaine. Nikki Haley, la représentante américaine à New York, a clairement laissé entendre que le Conseil serait définitivement discrédité, aux yeux des Etats-Unis, s’il ne parvenait pas à passer une résolution ouvrant la voie à la création d’une commission d’enquête. Alexis Thambwe-Mwamba, ministre de la Justice et garde des Sceaux en charge des droits humains, est à Genève pour proposer une alternative et éviter à son pays de se retrouver isolé.
Qu’est-ce qui explique le déferlement de violence dans le Grand Kasaï?
La succession d’un grand chef coutumier a mal tourné. Ses partisans ont pris les armes et se sont attaqués à tout ce qui représente l’Etat. Trente-neuf policiers ont été décapités. L’enchaînement des violences a fait des centaines de morts. Le Kasaï est généralement calme. On dit même que c’est une oasis de paix. Nous sommes en train de mener une enquête administrative pour comprendre ce qui a pu se passer. Mais d’ores et déjà, il est clair que certains individus ont essayé d’attiser ce conflit pour en tirer un profit personnel. D’autres chefferies en ont profité pour pousser leurs propres revendications dans les deux provinces du Grand Kasaï. Nous traduirons devant la justice toutes les personnes qui de loin ou de près sont impliquées dans ces violences. Il y a déjà deux procès en cours. D’autres ouvriront lorsque nous auront rattrapé les personnes en fuite.
Quelle est la situation au moment où nous parlons?
Il y a une réaction des forces de police et de l’armée pour calmer le jeu. La situation est sous contrôle à 85%. Le président s’est rendu sur place, moi aussi.
Pourquoi vous opposez-vous à la venue d’une commission d’enquête indépendante?
Nous ne nous opposons pas à la venue d’enquêteurs de l’ONU. Mais le Conseil des droits de l’homme ne peut pas faire comme si la justice congolaise n’existait pas en créant une commission d’enquête indépendante. Les enquêteurs internationaux doivent travailler avec les Congolais. Nous sommes un Etat souverain. Nous avons 3500 magistrats civils et 800 magistrats militaires. Nous revendiquons donc la direction de l’enquête. Sans collaboration avec notre justice, l’enquête de l’ONU est vouée à l’échec.
L’Union européenne réclame une enquête indépendante de l’ONU. En faisant obstruction, vous risquez d’être sévèrement critiqués…
Nous sommes prêts à accepter toute expertise possible. Nous n’avons pas à cacher l’origine du conflit. Mais je le répète, il y a une ligne rouge. Nous n’allons pas céder. Personne ne peut soutenir que nous ne collaborons pas avec la communauté internationale. Nous avons été parmi les premiers à collaborer avec la Cour pénale internationale. Plusieurs Etats africains nous ont incités à la quitter, nous avons toujours considéré que ce n’était pas dans l’intérêt de l’Afrique.
A New York, la représentante des Etats-Unis Nikki Haley a mis la pression pour que le Conseil des droits de l’homme ouvre une enquête indépendante. Comment réagissez-vous?
Je comprends la réaction américaine. L’un des deux experts onusiens enlevés et assassinés en mars dernier était américain. Sa mort a suscité beaucoup d’émotion aux Etats-Unis. La pression de l’opinion publique est très forte.
Droits de l’hommeA Genève, le ministre de la Justice de la République démocratique du Congo, Alexis Thambwe-Mwamba, s’oppose au projet de commission d’enquête indépendante.
Qu’est-ce qui explique le déferlement de violence dans le Grand Kasaï?
La succession d’un grand chef coutumier a mal tourné. Ses partisans ont pris les armes et se sont attaqués à tout ce qui représente l’Etat. Trente-neuf policiers ont été décapités. L’enchaînement des violences a fait des centaines de morts. Le Kasaï est généralement calme. On dit même que c’est une oasis de paix. Nous sommes en train de mener une enquête administrative pour comprendre ce qui a pu se passer. Mais d’ores et déjà, il est clair que certains individus ont essayé d’attiser ce conflit pour en tirer un profit personnel. D’autres chefferies en ont profité pour pousser leurs propres revendications dans les deux provinces du Grand Kasaï. Nous traduirons devant la justice toutes les personnes qui de loin ou de près sont impliquées dans ces violences. Il y a déjà deux procès en cours. D’autres ouvriront lorsque nous auront rattrapé les personnes en fuite.
Quelle est la situation au moment où nous parlons?
Il y a une réaction des forces de police et de l’armée pour calmer le jeu. La situation est sous contrôle à 85%. Le président s’est rendu sur place, moi aussi.
Pourquoi vous opposez-vous à la venue d’une commission d’enquête indépendante?
Nous ne nous opposons pas à la venue d’enquêteurs de l’ONU. Mais le Conseil des droits de l’homme ne peut pas faire comme si la justice congolaise n’existait pas en créant une commission d’enquête indépendante. Les enquêteurs internationaux doivent travailler avec les Congolais. Nous sommes un Etat souverain. Nous avons 3500 magistrats civils et 800 magistrats militaires. Nous revendiquons donc la direction de l’enquête. Sans collaboration avec notre justice, l’enquête de l’ONU est vouée à l’échec.
L’Union européenne réclame une enquête indépendante de l’ONU. En faisant obstruction, vous risquez d’être sévèrement critiqués…
Nous sommes prêts à accepter toute expertise possible. Nous n’avons pas à cacher l’origine du conflit. Mais je le répète, il y a une ligne rouge. Nous n’allons pas céder. Personne ne peut soutenir que nous ne collaborons pas avec la communauté internationale. Nous avons été parmi les premiers à collaborer avec la Cour pénale internationale. Plusieurs Etats africains nous ont incités à la quitter, nous avons toujours considéré que ce n’était pas dans l’intérêt de l’Afrique.
A New York, la représentante des Etats-Unis Nikki Haley a mis la pression pour que le Conseil des droits de l’homme ouvre une enquête indépendante. Comment réagissez-vous?
Je comprends la réaction américaine. L’un des deux experts onusiens enlevés et assassinés en mars dernier était américain. Sa mort a suscité beaucoup d’émotion aux Etats-Unis. La pression de l’opinion publique est très forte.
(24 heures)