Guinée : Mamadi Doumbouya, de putschiste populaire à président conspué

Il y a un an, juste après avoir renversé Alpha Condé, le militaire promettait de « faire l’amour à la Guinée ». À la tête d’un régime opaque et autoritaire, il a sonné la fin de la lune de miel.

 

Comme cadeau d’anniversaire de son coup d’État, Mamadi Doumbouya aurait sans doute choisi quelque chose d’autre. Un an tout juste après le renversement d’Alpha Condé, et en dépit de la « trêve » observée jusque-là, ce 5 septembre est jour de manifestation en Guinée. Organisée par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC, qui s’était dressé contre le troisième mandat de l’ancien président), la mobilisation contre les autorités de transition illustre la défiance qui prévaut dans le pays. Ce lundi, un climat délétère règne sur Conakry.

En septembre 2021, Mamadi Doumbouya avait déjà dû interdire les manifestations. Mais elles n’avaient alors rien à voir avec celles du FNDC : c’étaient les « manifestations de soutien » à la junte qui avaient été proscrites. Il semble loin, ce temps où la Guinée avait découvert ce grand gaillard dont le regard victorieux s’affichait en taille XXL sur les murs de la ville. Il promettait alors de chasser les démons du passé hors des frontières, d’en finir avec l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits humains et la corruption, et annonçait une transition « inclusive et apaisée ».

Le 27 septembre 2021, le colonel partait se recueillir au cimetière de Bambéto, où sont inhumés la plupart des victimes des manifestations organisées sous Alpha Condé. Là-même où il s’était offert ses premiers bains de foule à sa prise de pouvoir. Celui qui voulait « faire l’amour à la Guinée » vivait alors sa lune de miel.

Un an plus tard, le divorce avec les Guinéens semble consommé. Les opposants à Alpha Condé, qui applaudissaient des deux mains le coup de force des militaires, ont abandonné depuis plusieurs mois la caution de « bonne foi » accordée à Doumbouya. « Les Guinéens ne doivent plus mourir pour la politique », avait lancé Mamadi Doumbouya tout juste après la capture d’Alpha Condé. L’engagement aura tenu neuf mois.

Transition ou trahison ?

Source : Jeune Afrique
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