Guinée Conakry : des fraudes dénoncées lors des municipalités

Les Guinéens se sont rendus dimanche aux urnes pour les élections municipales tant attendues depuis 2005. Ces élections se tinrent dans une atmosphère non moins amiable, car l’opposition dénonce des fraudes massives.

Depuis 2005 jusqu’à nos jours les Guinéens n’avaient pas eu l’occasion de se présenter aux urnes pour des élections de ce genre dû à plus de 50 ans de régime dictatorial. En 2010, Alpha Condé arrive au pouvoir en mettant fin aux deux années de transition militaire, et met en place une délégation spéciale au niveau de chaque commune. Depuis lors jusqu’au 4 février 2018, la date de ces élections a toujours été repoussée à cause des manifestations ou des questions financières. Prévues initialement pour le 4 février 2017, elles furent annulées à cause des protestations civiles. Alors, cette année, le gouvernement et l’opposition se donnèrent les mains afin de la bonne tenue de ces municipales le 4 février 2018.

Par ailleurs, le gouvernement déploya 22 000 policiers et gendarmes dans les rues de Conakry et dans les bureaux de vote afin de sécuriser le scrutin dans toutes les 342 communes de la Guinée.  Il convient de noter qu’ils sont 29 554 à être candidats pour le poste de maire de ces communes rurales et urbaines. Parmi eux, nous comptons 7 055 candidatures féminines.

Vu l’affluence de la masse dans les bureaux de vote, certains centres ont dû s’ouvrir avant 8 heures, heure d’ouverture des bureaux,  pour commencer le travail. Tous les Guinéens se disent satisfaits de pouvoir venir enfin voter pour des maires qui viendront s’appliquer au développement de leur commune dans plusieurs secteurs. Cette élection constituait pour certains leur première fois de participer à des votes dans leur pays, la Guinée.

Cependant, il convient de remarquer qu’après la fermeture des bureaux de vote dimanche soir à 18 heures, l’opposition dénonça des fraudes massives lors du scrutin. Des sources indiquent même des échauffourées entre des partisans de différents partis et l’administration des collectivités territoriales. Ils dénoncent surtout le grand nombre de procurations dont possédaient beaucoup de chefs de quartier dans l’après-midi et qui tentaient de voter pour le parti présidentiel. C’est ce qui ressort de ces propos de l’ex-ministre Sidya Touré, une figure de l’opposition guinéenne : « […] Un chef de quartier a été pris en possession de 2000 procurations qu’il était prêt à introduire dans les urnes. » D’autres encore dénonçaient l’insuffisance de matériels dans les bureaux de vote ; beaucoup d’électeurs n’avaient pas leur nom sur les listes électorales et ceux-ci n’ont reçu l’aide de personne afin qu’ils puissent voter. Nonobstant ces quelques vicissitudes, la CNI dit vouloir annoncer les résultats dans les plus brefs délais.

Jusqu’à quand va-t-on comprendre en Afrique que les élections constituent un processus transitoire ? Nous avons intérêt à arriver à une telle compréhension pour le bien de toutes nos nations. Tous les dirigeants démocratiquement élus sont appelés à céder le pouvoir dans le délai qui leur est assigné. A cet effet, rien ne vaut de faire remonter la population pour remettre le pays dans des situations incertaines, voire calamiteuses, un soulèvement populaire ou une guerre civile, pour des partis politiques à la recherche de leurs propres intérêts et non ceux du peuple ou de la République. Il revient alors au peuple démocratique d’arriver à un changement de mentalité afin de mener des élections transparentes et libres dénuées de toutes fraudes. Pour ce faire, il convient de savoir refuser. Car en Afrique, il est courant de voir dans les périodes électorales, la multiplication des achats de conscience. Tant que le peuple ne prend pas acte contre de telles pratiques, la contestation des résultats voire des procédures du vote ne finira jamais. Tous les candidats ayant investis suffisamment de sommes d’argent lors des campagnes ne seront pas d’accord qu’ils sortent perdants. En conséquence, ils tentent de mettre leur pays dans une situation ingouvernable.

Fousseni TOGOLA

 

Le Pays

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