En butte avec son peuple depuis des mois par rapport à la révision constitutionnelle qu’il entend mener pour se maintenir au pouvoir, le numéro guinéen semble volontairement chercher aujourd’hui à étendre la liste de ses détracteurs, car quoi qu’il puisse vouloir, il est évident qu’il serait plus séant pour lui d’avoir les chefs d’Etat de la CEDEAO avec lui que contre lui !
Selon deux sources haut placées, la CEDEAO, présidée par le chef d’État nigérien, Mahamadou Issoufou, envisageait d’envoyer ce vendredi une délégation en Guinée, à quelques jours des élections législatives et du référendum pour une nouvelle Constitution. La mission de haut niveau aurait dû regrouper quatre présidents : le Nigérian Muhammadu Buhari, le Ghanéen Nana Akufo Ado, le Burkinabè Roch Christian Kaboré et le Nigérien et dirigeant en exercice de l’institution régionale, Mahamadou Issoufou.
Mais coup de théâtre : approché par la CEDEAO, Alpha Condé a opposé une fin de non-recevoir à la délégation. La mission a donc été avortée. Selon RFI, cela faisait plusieurs jours que la CEDEAO menait de démarches pour tenter de résoudre la crise en Guinée. Les capitales ouest-africaines ont redoublé d’efforts diplomatiques, comme elle l’a fait en Guinée-Bissau. La CEDEAO tient au sacro-saint principe du respect de la Constitution et toute tentative de remise en cause des textes fondamentaux d’un pays membre est vouée à l’échec. Sauf que Alpha Condé tient à réinventer la roue !
Parallèlement, ça grogne aussi dans les casernes militaires guinéennes. En effet, en foi à une déclaration qui circule sur les réseaux sociaux, des soldats guinéens disent être prêts à utiliser leurs armes pour se faire entendre si certaines de leurs doléances ne sont satisfaites d’ici le 29 février 2020, demain samedi donc !
Dans leur communiqué, les sous-officiers et hommes de rang de l’armée guinéenne menacent de faire recours à leurs armes pour se faire entendre, si les différents points de leur plateforme revendicative ne trouvent pas satisfaction. C’est une plateforme de 9 points et les soldats tiennent mordicus à ce qu’une solution soit trouvée, sans quoi, ils feront recours à leurs armes. Voici le contenu !
« Nous, sous-officiers et hommes de rang de l’armée guinéenne, réclamons de manière urgente :
1- Augmentation des salaires pour toute l’armée et notamment les sous-officiers et militaires du rang,
2- Augmentations des primes (transports, logement, santé…). Nous ne voulons plus risquer notre vie pour des clopinettes,
3- Dotation en tenue et en chaussures trois fois par an. Nous sommes aujourd’hui une année en guenille,
4- Paiement de tous les militaires par virement bancaire pour nous aider à avoir des crédits auprès des banques,
5- Attribution de logements sociaux aux militaires et à leurs familles,
6- Respect des avancements 2 fois par an,
7- Audit du ministère de la défense et départ de tous les chefs incompétents et corrompus,
8- Libération sans condition de Sena Doré, porte-parole des 1 669 soldats formés au centre d’instruction et de recyclage de Kissidougou,
9- Arrêt de la violence dans les quartiers parce que, nous soldats, nos familles vivent dans les quartiers et ne veulent pas subir de représailles.
Nous demandons l’application de toutes les présentes revendications avant le 29 février 2020 dans l’ensemble de l’armée. Sans quoi, nous ferons recours à nos armes pour nous faire entendre ! »
Alpha Condé joue-t-il avec le feu ? A-t-il perdu la tête ? Ou est-ce plutôt le pouvoir qui le rend sourd et aveugle ? Voilà autant de questions qui animent les débats en Afrique, et particulièrement en Afrique de l’Ouest. Seul contre tous, Alpha Condé compte sur quoi alors pour parvenir à ses fins ? That is the question !
Seydou DIALLO
Source: Journal le Pays- Mali