Coronavirus : Une seconde opportunité pour l’Afrique de se libérer du joug du néocolonialisme

Je ne suis pas sadique pour me réjouir du malheur qui frappe l’humanité aujourd’hui, seulement, je partage cette doctrine hégélienne selon laquelle le bien et le mal font un et j’essaie de partager ce point de vue du philosophe grec, Epicure, pour voir toujours le bon côté des choses.

 

À ce titre, en analysant la situation du coronavirus, au- delà des catastrophes qu’il entraîne ça et là, catastrophes humanitaires, sanitaires et surtout économiques et humaines, l’on se rend compte que cette pandémie du siècle lève le voile au mythe de la suprématie de ceux-là que nous appelons volontiers “grandes puissances.”

Au risque d’affirmer que l’histoire se répète mais d’une façon plus douce et plus cruelle, le coronavirus offre une seconde chance aux pays africains de se libérer de la tyrannie du néocolonialisme.

En effet, après plus de trois cents (300) ans de colonisation et du culte de la suprématie du colonisateur, les deux guerres mondiales ont été l’occasion pour nos dirigeants d’alors de comprendre vite que cette puissance dominatrice du Blanc n’était qu’un mirage et que le Blanc était aussi plus fragile qu’ils ne le pensaient. C’est ainsi qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale des mouvements nationalistes jaillirent de partout luttant ainsi pour la fin de la colonisation et la libération du peuple noir. Ceux-ci ont donné comme résultat l’indépendance de bon nombre de nos États.

Soixante (60) ans après, si l’on a le sentiment que cette indépendance acquise au prix d’énormes sacrifices, se trouve être offusquée par la politique néocolonialiste et impérialiste occidentale sous le couvert de la mondialisation, le coronavirus nous donne ainsi l’opportunité de repenser nos rapports avec ses puissances impérialistes.

Si l’apparition du COVID-19 chez les grandes puissances peut être vue par beaucoup comme un simple fait de hasard, je trouve qu’il fut une occasion encore une fois de plus de démystifier leur puissance et mettre à l’épreuve leur science et leur technologie considérées comme étant au stade suprême de l’évolution et surtout démontrer jusqu’à quel niveau leur économie était fragile renvoyant leurs théoriciens à de nouvelles productions idéologiques.

C’est conscient du fait que le coronavirus, en dehors de ses conséquences sanitaires, plus de 2 millions de morts dans le monde, entraîne et entraînera d’autres conséquences plus graves à savoir ses impacts économiques. Déjà, tous les experts s’attendent à l’effondrement de l’économie mondiale par la baisse de la croissance mondiale à hauteur de 8% jamais égalée, corolaire à la chute de nombreuses entreprises et la perte de millions d’emplois notamment en France et aux USA; et pour anticiper sur cette situation catastrophique en vue, l’on voit que les États de l’Union européenne (UE) ont commencé à se trouver ou à chercher à maintenir leurs sources d’approvisionnement qui ne sont autres que leurs ex- colonies, l’Afrique.

Pour ce faire, ils professent pour nous l’apocalypse en cas de contamination de notre continent et le Secrétaire général de l’ONU ne s’est pas gêné de déclarer qu’en cas d’introduction du coronavirus en Afrique qu’il y aurait des millions de morts parce que nos structures sanitaires sont  insuffisantes et le plateau technique quasiment inexistant pour faire face à cette maladie. Et dans un message ayant circulé sur les réseaux sociaux attribué à Mme Marie Lepen du Front National français (FPF), il apparaît, comme une mise en garde à l’endroit de nos chefs d’ État, ces propos xénophobes “après soixante (60) ans d’indépendance si vous n’avez pas pu construire des hôpitaux dignes de ce nom chez vous ne venez pas chez nous pour prétendre vous soignez ici.”

Malgré leur technologie de pointe, malgré leur science au plus haut sommet de son évolution, voilà que ce sont eux qui subissent de plein fouet aujourd’hui la colère de coronavirus. Avec plus de 25 809 morts en France; Italie 29 858; Espagne 26 070 et plus de 70 milles morts aux USA, il apparaît évident que les victimes de coronavirus chez eux dépassent de loin celles de notre continent qui oscillent autour de deux milles malgré l’apparition des premiers cas chez nous depuis un peu plus de quatre (04) mois; sans compter le nombre d’entreprises obligé à fermer leurs portes ou à réduire drastiquement leur personnel conduisant du coup des millions de leurs concitoyens au chômage.

Cette situation au lieu de nous surprendre nous les Africains , nous devons plutôt la voir comme le signe du déclin ou la fin de l’hégémonie capitaliste, impérialiste et néocolonialiste et nous devrons la saisir comme une opportunité pour redéfinir la carte du monde, pour  fonder un nouvel ordre mondial en nous affranchissant du joug de cette domination qui n’a que trop duré. L’occasion est ainsi de nouveau offerte à nous, Africains de briser cette chaîne qui nous tient à ces néo-colonialistes comme l’ont fait nos aïeux avec l’impérialisme occidental.

En nous professant le pire et en nous proposant leur soutien à travers un soit  disant moratoire d’un an sur nos dettes, nous devrons comprendre ici que leur seule intention est de créer la psychose chez nous en vue de nous maintenir dans leur chaîne pour qu’après cette pandémie ils puissent trouver de quoi booster leur économie en vue d’éviter la pire catastrophe de leur histoire.

Nous devons comprendre que celui qui est dans le gouffre, s’il tend la main à celui qui est en surface, c’est que c’est lui qui a besoin de l’aide et non le contraire. Je veux dire que ce sont qui ont subi les plus lourdes pertes tant humaines qu’économiques, ce sont eux qui ont aujourd’hui besoin de notre aide et non le contraire.

Nous devons comprendre cela et intégrer cela dans nos stratégies de négociations pour bâtir de nouvelles relations mondiales sur la base de nouvelles règles auxquelles nous participerons à sa définition.

Nous devons avoir plus que jamais confiance en nous mêmes, à nos propres capacités de réflexion et d’action pour élaborer par nous mêmes et pour nous mêmes nos propres remèdes adaptés à nos réalités sociologico-politiques.

Nous devons comprendre une fois pour toute que la science n’est pas qu’occidentale et que la vérité n’a pas une seule nationalité.

Daouda DOUMBIA

Inter De Bamako

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