Cheick Tidiane Seck : “Randy Weston était quelqu’un de humble, très grand par la taille, par l’esprit et par le jeu”

Tewfik Hakem s’entretient avec Cheick Tidiane Seck, figure légendaire de la scène musicale africaine, qui est allé à la rencontre des musiciens du monde et rend ici hommage à l’un des grands pianistes de jazz mort récemment, Randy Weston (1926-2018). Cheick Tidiane Seck est l’un des invités de Jazz à la Villette, en concert le 5 septembre à la Philharmonie de Paris, en même temps que sort son nouvel album intitulé Timbuktu (label Komos), fait de reprises de thèmes composés par son ami, auquel il rend hommage à Jazz à la Villette, avec Archie Shepp.

Cette première musique qu’on écoute, c’est Tanjah, qui veut dire Tanger, au Maroc. C’est une ville qui symbolise beaucoup de choses. Randy Weston a vécu plusieurs années au Maroc, il a été l’un des premiers à jouer avec des musiciens gnawas. Je l’ai rencontré chez moi, à Paris, on est devenus amis. On avait des affinités musicales, on parlait du monde, de la vie, de la musique africaine, de tout.

J’ai rencontré beaucoup de musiciens, j’ai joué avec beaucoup d’entre eux, avec Stevie Wonder, c’est vrai, je ne pourrai pas les citer tous. Ce que je cherchais c’était d’être le plus juste possible : on se rencontre et on partage quelque chose qui est vraiment pensé.

“Randy Weston était quelqu’un de humble, très grand par la taille, par l’esprit aussi et par le jeu”

Il m’a beaucoup influencé. Au Mali, ma première formation musicale, à part grâce à ma mère qui était chanteuse, je l’ai eue dans les églises, c’était ma base, et puis j’écoutais beaucoup Amstrong. J’étais curieux de tout mais ancré dans la musique de mon terroir. A douze ans, je composais pour ma mère qui elle, chantait dans les fêtes, pour toutes les circonstances sacrées. Elle m’a tout appris.

Ma mère, c’est moi

Elle était tout pour moi, tout ce à quoi je tiens dans la vie, grâce à l’amour qu’elle m’a donné.

J’ai été peintre aussi, je peignais mais je ne savais pas vendre mes tableaux, je faisais partie de l’ancienne école. On m’appelait Che Guevara. Je suis toujours Che Guevara dans la mesure où j’ai envie de communier avec mes mots. Je parle d’injustice, un vrai langage s’avère nécessaire, mais je cultive aussi cette joie, cette paix qui véhicule le monde. Je voyage, je n’arrête pas. On m’a surnommé “Black Bouddha”, moi je préfère “Guerrier”.

Programmation musicale

Cheick Tidiane Seck,Timbuktu, Tanjah (2019)

Cheick Tidiane SeckSuper Rail Band de Bamako, Wale Numa Lombaliya (1977)

et Sabaly (2008)

Source: franceculture

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